Journal de bord 3 (Asie et Europe)

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L'aéroport d'Osaka

8 avril, en direction de Bali


Jour de départ, on quitte le Japon que nous avons tant aimé. Tant aimé malgré de la pluie presqu'à tous les jours, nonobstant la barrière de la langue et conséquemment, la difficulté, voire l'impossibilité de communiquer par delà les salutations. En dépit d'endroits pas trop jolis également comme certaines zones industrielles, ou des « nowhere » post apocalyptiques. Et surtout, nous sommes parvenus à aimer le Japon même si nous étions venu pour « cherry blossom » et que nous n'avons pratiquement vu que des boutons! Nous avons aimé la propreté, c'est peut-être bête à dire, mais c'est plus facile d'apprécier le paysage lorsqu'on a pas à faire abstraction de la pollution. Nous avons aimé ce côté carré, bien organisé et fonctionnel, après d'autres pays d'Asie, c'est reposant. Marcher dans les villes à travers la circulation sans avoir peur de se faire frapper à tout moments et surtout, sans l'éternelle complainte des klaxons. Par ailleurs, je comprends que cette discipline qui nous a tant plu ait ses revers; on se rappelle ces images récemment passées à la télévision où un chef d'entreprise tapait publiquement les fesses d'un de ses employés! Mais le respect, la politesse, c'était bien agréable, nous même faisions inconsciemment les salutations en disant, arigato, arigato gosaimasu. Ils sont aussi très patients, par exemple, au début lorsqu'on retardait le processus lors de l’achat des billets dans les transports en commun, nous ne ressentions aucune pression... autre que la nôtre. Et tous les bénéfices marginaux d'une telle société; pas besoin de barré son vélo, pas de vandalisme, hormis un géranium qui avait été arraché d’une boite à fleur ( la police était sur les lieux du méfait et semblait faire son enquête ) on peut donc se permettre des bancs rembourrés recouvert de velours dans le métro et même les fameux sièges de toilettes chauffants avec « backwash » dans des lieux publiques! Blagues à part, j'aimerais ajouter qu'on a bien mangé, pour un coût abordable à peu près partout. Qu'il y a du jazz dans tous, mais vraiment tous les restaurants, du vrai, je dirais les années 50 à 65. Évidemment, il y a aussi leurs coquetteries alimentaires, je ne suis pas certain de vraiment comprendre, le fruit parfait peu importe le prix, j’imagine que c’est l'aboutissement de ce désir de bien faire les choses et ce depuis des générations, enfin, ça leur appartient. Ce qui nous amène inévitablement aux temples et aux jardins, qu'est ce que c’était beau, et là on n'en doute pas, ça fonctionne, ce soucis du détail transpire à travers toutes ces merveilles de la charpenterie et dans tous ces paysages façonnés par des maîtres de l'aménagement. Malheureusement, nous n'aurons pas eu le temps de prendre notre temps, ce qui aurait certes été davantage dans l'esprit, mais il y a tant à voir au Japon, c'est certain, nous y reviendrons, parce que aujourd’hui c'est le départ. Alors, encore les bagages, cette fois nous irons les laisser dans une consigne près du bus que nous prendrons en fin de journée pour aller à l'aéroport. Finalement, nous ne retournerons pas au parc d'hier, trop gris, ça ne vaut pas le coup de refaire les mêmes photos. Alors, on glande un peu, on marche autour d'Osaka station et vers 16 heures débute un autre parcours du combattant; vol de quatre heures d'Osaka vers Manille, escale pour la nuit de 23 h 30 jusqu'à 6 h 30 à l'aéroport, second vol jusqu'à Kuala Lumpur aussi d'une durée de quatre heures, celui-là suivi d'une escale de deux heures avant un dernier vol de trois heures pour Bali, ouf! Dès notre arrivée on se fait « sauter dessus », mais on s'y attendait, un jeb averti en vaut deux. La carte SIM, les sous, beaucoup de sous; 2,500,000 roupies indonésiens et en moins d'une heure, j'avais dépensé mon premier million! La chambre est pas mal, si ce n'est que ça sent les égouts dans les wc!

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Ça y est, les cerisiers sont en fleurs, maintenant, on attend le soleil!

7 avril, Osaka

Une bonne nuit, un appart semblable à ce que nous avions à Tokyo, aussi confo. Une autre similitude avec Tokyo concerne la densité de la population, y'a du monde au m2! Il pleuviote, nous nous rendons au marché couvert de Kuromon, il y a foule même si nous sommes un jour de semaine. Énormément de bouffe, plusieurs kiosques sont typiquement japonais, je sais, nous sommes à Osaka, mais ça me frappe de voir tous ces fruits traités comme des œuvres d'art, certains pourraient d'ailleurs se retrouver aux enchères chez Christie’s, des fraises à plus de 30 dollars la douzaine, ou bien le melon à 40 piastres. C'est du même acabit pour d'autres étals, 150 $ le poisson, il a beau être vivant, il n'est pas si gros que ça. Ne parlons pas du fameux bœuf de Kobé à plusieurs centaines de dollars le kilo. Enfin, on ne fait pas vraiment les courses, c'est seulement pour se rincer l'œil et ça fonctionne très bien, y'a de la couleur, des odeurs, agréables, ça ne sent pas le poisson, de l'effervescence, bref, un superbe marché. J’oubliais, ce marchand de couteaux, très impressionnant également, des petits, des gros et même des sabres pour Shogun avertis. Puis on se rend à quelque stations de là pour voir des cerisiers, malgré la grisaille le déplacement en valait le coup. En effet, plus de 4,500 arbres jouxtent un canal, ils sont à leur optimum, c'est un régal. Nous n'aurons pas le choix, comme on annonce un peu de soleil demain, nous reviendrons car ces rosacées sur fond de ciel clair, ce sera assurément spectaculaire, quelle belle finale pour ce périple japonais.

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Le marché Korumon.
Il faut diviser par 80 pour avoir le prix en dollars canadiens.
Beaucoup de couleurs.
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Nous aurons finalement vus les cerisiers en fleurs!

6 avril, Osaka

Une bonne nuit, un matelas confortable, que c’est agréable. On déjeune sur place, il font leur propre pain, sandwich œuf fromage et yaourt avec muesli, nous sommes maintenant prêt à avaler les km! Nous prendrons les petites routes pour deux raisons; voir le paysage et éviter les péages. Honnêtement, ce n'est pas vraiment joli, d'une part il y a le temps gris, mais c'est plus gris que ça, les feuillus pas de feuilles, comme en automne, c'est monotone et d'autre part, il y a tous ces fils électriques, non, pour le paysage on repassera, ou pas plutôt. Par contre, certains cerisiers sont enfin arrivés à leur apogées, ouf, il était moins une, nous quittons le Japon dans 48 heures. Vers 13 heures nous arrêtons nous délier les jambes à Himeji, nous nous contenterons de jeter un œil à l'extérieur du château médiéval le plus visité du Japon, mais nous prendrons notre temps et quelques photos dans le parc à ses pieds. Quelques familles pique-niquent, et oui, c'est hanami. Un peu plus tard, nous n'aurons pas le choix et en passant par Kobe nous mangerons un steak. Pas le vrai, on ne peut se le permettre, mais quelque chose de tout à fait décent, c'était excellent. Et nous flanchons, nous prenons l’autoroute même si finalement le paysage est devenu plus intéressant, le temps file et nous devons remettre la bagnole à 18 heures. Nous y arriverons presque, seulement quinze minutes de retard, ce n'est pas si mal considérant que le GPS souffrait d'un dédoublement de personnalité et se prenait pour des essuie glace… intermittent! Faut dire également que Osaka c'est pas un petit patelin, trois millions d'habitants et à l'heure de pointe, les bouchons de circulation sont en proportions. On rentre à l'appart par le train, ça va, on se débrouille bien à cet égard maintenant. Là aussi il y a du monde, c’est même plus dense qu'à Tokyo. On validera le programme de demain, demain, la flotte est de nouveau au menu.

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Le château de Himeji.
Enfin!
La question qui tue, existe-t-il un arbre qui ne soit pas taillé au Japon?
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Les japonais, amateurs de bowling!

5 avril, Uno Port


On quitte Kyôto ce matin. Nous n'aurons pas eu droit à l'orgie de fleurs à laquelle nous nous attendions même si nous avons vu plein de cerisiers, les aléas d'un printemps tardif. Quelques papillons à l'idée de récupérer la voiture… pour rien, tout se passe très bien, la préposée possède un anglais fonctionnel. Au départ je tente d'utiliser les deux GPS, celui de la voiture qui parle un anglais teinté de japonais et celui de notre téléphone qui parle français. Après que les deux se soient contredit, je vous laisse deviner avec lequel j'ai poursuivi. Un petit stop dans une halte routière super, on trouve un déjeuner qui nous convient, 100% canadien; sandwichs aux œufs, sandwichs au jambon avec pain blanc et les croûtes coupées, comme dans un buffet chez nous et pour conclure, un petit gâteau au sirop d'érable, que l'on soupçonne véritable. Entre parenthèses, les toilettes étaient impeccables avec le siège chauffant et la musique à même le poste de commande de l'ordinateur de bord! Et on reprend la route en se disant que ce n'est pas grave si on se perd, pour une fois que nous sommes dans des fauteuils confortables. Effectivement, depuis une semaine, soit on marche, soit on dort par terre, nos seuls moments de répit étant lorsqu'il y a de la place pour s'asseoir dans le métro ou l'autobus. Nous rallions Uno Port à 13 heures, notre hôtel est juste en face du port d'où nous prendrons un ferry pour aller visiter l’île de Naoshima. Cette île a une vocation artistique si je puis dire, en tous cas, c'est truffé d'œuvres un peu partout et y il y a aussi des musées. Pour un îlot de 8 km2, ce n'est pas mal. Nous nous arrêterons au Chi Chu Art Museum, où se retrouvent quatre points d'intérêt, trois salles et le musée comme tel, un bâtiment aux lignes épurées de l'architecte Tadao Ando, il est principalement fait de béton et tout à fait exceptionnel. L'essentiel de la construction est sous le niveau du sol et jouit pourtant d'un bel éclairage naturel, une "christ de belle cave", dirions-nous. La première salle, immense, recèle cinq toiles de Monet, dont un diptyque, « Water Lily Pond » comportant deux parties, on le saura, de deux mètres sur trois, costaud. Puis, trois œuvres de James Turrell nous parlent de lumière, je n'ai pas tout compris ce qu'elles disaient, mais chacune avait une salle qui lui était dédiée et en jetait au regard de l'esthétique. Finalement, le troisième artiste, Walter de Maria a installé une gigantesque sphère de granite dans une « cathédrale », stupéfiant. Moi j'y connais rien, mais Anne à pleuré. On rentre par le dernier bateau, à l’hôtel on profite de toutes les commodités, on se rappelle qu'à Kyôto il n'y avait qu'une douche à l’eau froide sur toit, que nous n’avons d'ailleurs pas essayé, les températures étant pour le moins, plutôt fraiches. Pour demain, nous verrons bien, ce que l'on sait c'est que nous devons remettre la voiture à Osaka pour 18 heures.

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Une belle courge.
Des petits trous, encore des petits trous, le poinçonneur des lilas. (Gainsbourg)
Une bien belle journée.
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Du beau sable blanc, y'en a un qui s'est bien amusé!

4 avril, Kyôto

On se réveille. Il fait beau et chaud, nous le sentons en marchant sur le tatami, le soleil l'a réchauffé. Nous laisserons une couche de vêtements à la maison avant notre excursion que nous débuterons à Kyôto station, ça nous a un peu intrigué hier. C'est l'endroit pour voir quelques buildings de facture moderne dans cette ville résolument traditionnelle, on efface pas la présence de plus de 1500 temples aussi facilement. D'ailleurs, c'est ce que nous ferons, nous irons voir un autre temple, d'argent celui-là, le Ginkaku-ji. S'il est moins clinquant que le temple d'or, beaucoup plus sobre et pas recouvert d'argent du tout, son jardin lui est plus impressionnant. D'abord, il y a quelques coquetteries qui sortent de l'ordinaire à l'entrée; y'en a un qui s’est bien amusé avec le sable en réalisant un pâté géant avec plein de lignes au sol. Puis, en plus des pins taillés et autres mini paysages, on retrouve un long sentier qui va dans la colline, les escaliers de pierre, visiblement refaits depuis peu, sont magnifiques, il nous mène à un point de vue sur le temple et le nord de la ville de Kyôto. Un tapis de mousse aux couleurs chatoyantes donne à l'aménagement son caractère d'ensemble. Déjà passé midi, c'est le temps d'une petite halte chez Naonou, un resto japonais avec cuisine « western ». Le temps d'une salade César qui n'a jamais mis les pieds à Rome mais néanmoins très bonne et une pizza aux crevettes et lardons qui l'était tout autant. Nous enchaînons avec le chemin des philosophes, une promenade longeant un canal sous les cerisiers prêts à éclater, on voit bien les boutons prendre de l'expansion de jour en jour sans qu'ils ne débourrent vraiment, c'est chiant. Le chemin des philosophes se réduit comme peau de chagrin, on aboutit dans un parc où il y a du football américain, nous avons pris la mauvaise direction, trop tard pour rebrousser chemin, soyons philosophes​, restons zen et rentrons à la maison!

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Créé par Anne et Guillaume