Journal de bord 2 (Asie et Océanie)

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On en a vu un gros paquet!

10 mars, Moeraki

La nuit porte conseil; la retraite pas avant trois ans comme prévu, que voulez-vous, quant on est à l'argent! Les collines sont devenues des montagnes, on voit la neige au sommet! Toutefois, la majeure partie de la route aujourd’hui se fait sur le plat, de grandes fermes ovines et bovines. Petit arrêt à Temuka pour le lunch et Anne se rend à l’armée du salut pour une veste de laine. Voilà 8 mois qu'elle traîne un polar et maintenant qu'elle en aurait besoin, elle l'oublie dans l'avion. Ah, les coquetteries de la vie! La route qui avait bien démarrée devient presque monotone, nous avons beau entrevoir la mer par moment d'un côté et deviner les montagnes de l'autre, on dirait la 20 entre Montréal et Québec, mais avec seulement une voie de chaque côté. On s'arrête à Oamaru pour voir des pingouins bleus et par la suite la route redevient plus jolie, les vallons réapparaissent et avec la couleur des champs tantôt verts, tantôt dorées et le soleil qui filtre à travers le ciel qui s'assombrit, c'est très beau. On établira le campement un peu plus loin dans une aire de pique nique où il est permis de passer la nuit. Nous sommes directement sur la mer, la vue est super, vive le camping libre! Après le repas, on achète le billet pour la Grèce, Bali-Athènes le 2 mai.

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Premiére nuit en camping car près de Christchurch.

9 mars, Christchurch

Luc du Syndicat m'a répondu et selon l'annexe XIII : « l'enseignant doit travailler pour une période égale à son congé à la suite de celui-ci ». Je dois, ou devrait donc retourner travailler pour au moins une année. Hier, je rêvais, mais j'hésitais tout de même et maintenant que je ne semble plus y avoir droit, cette retraite m'intéresse plus que jamais. Tant pis si la rente est plus modeste, tant pis si je n'ai pas l’occasion d'aller raconter mon voyage à une nouvelle cohorte d'élèves, c'est le retour à la terre qui me tente aujourd'hui. En relisant la convention on aperçoit peut-être une brèche, je vais essayer directement avec l'employeur et j'ai même une arme secrète, je leur dirai que si je reviens je reprend du service avec le comité EVB pour les faire suer de nouveau! Blague à part, les deux options sont probablement viables, j’avancerai tranquillement le dossier et nous verrons bien, il s'agit d'être un peu philosophe, un peu zen. Un peu fatigué ce matin j'hésite à prendre une douche avant de partir pour l’aéroport, Anne me fait remarquer qu'on s'en va en camping car et que ça ne sera pas toujours aussi facile, elle a bien raison et c'est frais comme des roses que nous quittons la maison. En avance à l'aéroport, nous attendons notre vol pour Christchurch, départ à 12 h 20. L'attente, partie intégrante du voyage. Wow, comme c'est facile un vol d'une heure et quart. Évidemment, pour faire le tour du monde ça n’a peut être toujours comme ça. Nous prenons le shuttle et on débarque chez Lucky rentals. Ils ne sont pas prêts, nous irons à pied  un peu plus loin pour faire les courses que nous laisserons là, nous reviendrons les prendre avec le camping car. Nous arrêtons également à la pharmacie adjacente à l'épicerie. Nouveau test de pression pour Anne qui désire en avoir le cœur net. C'est le 4e en 10 jours et si les premiers allaient en s'améliorant, ce relevé est très moyen et nous irons voir un médecin après avoir récupéré l'épicerie. Nouveau test de pression : Il est parfait! Ils le referont à deux autres reprises et c'est toujours bon. La docteure croit plutôt à des problèmes de vertige et donne à Anne une série d'exercices pour déplacer des « cristaux » mal à propos. Marjo, en gros, tout va bien! À 18 heures nous pouvons enfin partir et nous établirons notre premier campement à peine à 30 minutes de Christchurch. Nous avons déjà franchi de jolies montagnes et c'est au bord d'un bras de mer, dans un parking à camping car, gratuit, que nous dormirons. Anne distingue mieux maintenant MobilHome, la maison qui se déplace, du camping car, le camping qui se fait dans une voiture!

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Maison de Hobbits à Matamata.

8 mars, Auckland

Bill nous avait dit qu'il pleuvrait toute la nuit, il ne s'est pas trompé. C'est quand même moins pire que ce qu'il a reçu la semaine dernière; 417 mm en 24 heures, la municipalité avait dû venir construire une petite digue pour diriger le torrent qui dévalait la montagne. Aujourd’hui, nous pensions faire une promenade dans la forêt de Redwood de Rotorua, de gros sequoia comme en Californie, mais la pluie est toujours là, nous nous préoccuperons plutôt de cette missive que la Commission Scolaire de St-Hyacinthe vient de faire parvenir à son personnel où l'on propose aux petits vieux comme moi de quitter un peu plus tôt, moyennant une somme forfaitaire équivalente à la moitié d'une année de salaire. Hum, je prévoyais partir dans deux ou trois ans, mais la proposition est définitivement intéressante. C'est donc en pensant à une petite maison dans le Kamouraska que nous zigzaguons à travers les vertes collines. On s'arrête pour le lunch à Matamata, quartier général des hobbits du seigneur des anneaux! Et on reprend la route et on continue à rêver; des poules, c'était convenu, mais aussi maintenant un cochon et pourquoi pas des lapins? Un grand potager en permaculture, puis Anne me donnera une pelle pour que je creuse un caveau pour entreposer nos légumes et quand j'aurai creusé une autre piscine, elle pensait à un autre caveau pour des champignons! Bon, faudra voir tout ça, Suis-je seulement éligible du fait que je suis en sabbatique, je vais communiquer avec le syndicat. Nous arrivons vers 17 h au Air BnB, une belle maison sur un terrain de 12 acres, avec des chevaux, tiens, nous n'y avions pas pensé!

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Napier, une ville pleine de charme.

7 mars, Kewarau

Aujourd’hui nous amorçons déjà le retour vers Auckland, c'en est presque fait de l'île du Nord. Nous retournons à Kewarau, comme nous ne sommes pas pressé nous prendrons un raccourci, près de 200 km plus court que par Gisborne, mais le trajet sera tout de même plus long de près de deux heures! Plus de la moitié des 350 km auront lieux en montagne sur route de gravelle. Néanmoins, avant le départ on prend le temps de marcher Napier, quelle ville incroyable! Certes, le processus fût douloureux; en passer par un tremblement de terre de 7,8 à l'échelle de Richter, mais comme tout a été reconstruit en même temps avec le style Art Déco, l'unité et l'harmonie qui en résultent sont stupéfiantes, nous avons l'impression de déambuler dans un musée extérieur ou encore de figurer dans un film, sauf que ce ne sont pas des décors, c'est une vraie ville! On regrette devoir quitter, il faudrait toujours pouvoir rester au moins deux journées, avoir le temps de lire le journal et de prendre un café. Pas cette fois, aller, on y va, la 50, la 2, la 38 pour plus des trois quarts de la route et la 30 pour terminer, heureusement, le chemin n'est trop compliqué, on sait qu'on va perdre le réseau en chemin, faudra fonctionner hors connexion. Beaucoup de bois par ici, on voit les camions en sens inverse chargés d'immenses troncs d'arbres et on en suit un qui nous ralenti en montant une côte, celui-là transporte le produit, des tas de planches pour la construction. Encore les vertes collines, tantôt en forêt, tantôt en pairie, elles nous donnent l'effet d'un étrange patchwork, à l'instar des brebis qui les habitent, certaines sont rasées, certaines sont touffues. C'est l'automne, quelques feuilles mortes virevoltent sur la route et les colchiques sont en fleurs. Nous voilà maintenant seuls sur le chemin, le bitume s'en est allé, derrière, un nuage de poussière. Nous arrêtons le temps d'un sandwich au lac Te Urewara. Puis nous suivons ses contours, cette proximité m'a d'ailleurs influencée dans mon choix de route, malheureusement, une petite bordure arbustive nous en cache la vue. Pas question de débroussailleuse, nous sommes dans un parc où se retrouve les espèces indigènes, ça fait changement de la monoculture. Et le relief s'accentue, les lacets se multiplient, c'est une suite sans fin de virages. Je crois qu'ici notre amie Martine aurait vomit sa vie, peu importe la quantité de Gravols qu'elle aurait avalées! On s'arrête un instant, le temps d'une petite balade pour aller voir une cascade, quelle belle forêt, mousses, fougères et épiphytes nous ravissent. Plus loin, des panneaux nous préviennent de la présence possible d'animaux, bœufs et chevaux. Et c'est vrai, ils sont là. Si certains sont en sécurité derrière les enclos, d'autres sont là, en toute liberté le long du chemin, on s'arrête de nouveau le temps d'une photo. Et ça monte et ça descend et ça tourne tout le temps. Panoramas pornographiques; gorges profondes, c'est magnifique! Enfin, après plusieurs heures, après avoir retrouvé l'asphalte et le niveau de la mer, le patchwork revient; prairies, forêts cultivées et aussi maintenant, coupes à blanc, où es-tu Richard Desjardins! Nous terminerons la journée dans un restaurant indien.

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Huka falls.

6 mars, Napier

Avant de quitter Taupo nous allons voir Huka falls, une chute assez imposante, non pas par sa hauteur mais par le volume et la force de l'eau. De par sa couleur également, un beau bleu d'eau des glaciers. Après nous être procuré une nouvelle carte mémoire et un étui de protection pour ma Canon, nous mettons le cap sur Napier, petite ville sur la côte est de l'île du nord. Dans une région de vignobles, mais ce qui est plus fascinant encore, c'est qu'elle a été reconstruite tout d'un coup, à la suite d'un tremblement de terre au début du XXe et du coup, elle est complètement Art Déco, beaucoup de cachet parait-il. Sur la route nous prenons deux jeunes pouceux, bis. Des Allemands, elle est en voyage depuis plusieurs mois et nous échangeons sur nos expériences, ça rend la route plus intéressante car pour une rare fois, le panorama n'a rien d’excitant, beaucoup de coupe à blanc. À l'approche de Napier, ça reprend du gallon, outre les vignobles, la mer relève le niveau du paysage. Quelques courses pour préparer le dîner, il y a une cuisinette au motel et on en profite pour limiter le budget resto. Anne prépare une salade  et elle m’envoie dans la cour cueillir un citron, c'est comme ça ici, Napier a quelques velléités méditerranéennes. Puis nous devrons livrer un dur combat afin d'ajouter un bagage à notre vol d'Auckland pour Christchurch; à la fin de la démarche sur le site web ça chie au moment du paiement, malgré des tentatives répétées, l'utilisation de deux appareils différents et de trois cartes de crédit. Le "live chat" n'a pas réglé le problème non plus, il nous aura fallu téléphoner en Australie pour en venir à bout. Après cette bataille épique nous n'avons plus d’énergie pour penser la suite du voyage, partie remise.

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Lady Knox Geyser, c'est à 10 h 15

5 mars, Taupo, Lady Knox Geyser


Ce matin nous avons rendez-vous avec Lady Knox Geyser à 10 h 15, pas une minute de plus, elle est très ponctuelle, nous comprendrons une fois sur place. Beau matin, belle route. Pour la première moitié nous revenons simplement sur nos pas vers Rotorua c'est toujours aussi joli; prairies, forêts et fumerolles qui nous rappellent que nous ne sommes pas à la maison. L'activité d'aujourd’hui est nettement plus touristique, nous en aurons tous les avantages sans en sentir les inconvénients; tout est bien organisé, réglé au quart de tour, des sentiers confortables à travers un paysage surnaturel ponctué de cratères fumants, de lacs aux couleurs vivantes en raison des minéraux qu'ils contiennent et même des « mud pool », des étangs de boue bouillonnants très impressionnants et nonobstant, il n'y a pas trop de monde, enfin, le site est assez grand. Ajouter à cela un prix tout à fait correct et nous nous retrouvons avec un rapport qualité prix extra! Le staff est principalement composé de joueurs de rugby, de costauds Maori en tous cas et ils sont tous hyper sympas. Bref, nous nous sommes régalés encore une fois. Ah oui, le geyser, il se forme naturellement une croûte et ça pète régulièrement mais un peu n' importe quand, avec une pincée de « perlinpinpin », un surfactant, on dissous la croûte et paf, ça jaillit quand vous voulez, 10 h 15 en l’occurrence. Et on reprend la route pour le lac Taupo, on prend deux jeunes pouceux sur le chemin, une israélienne et un américain qui s'en vont faire un trek de 20 km en montagne, nous y avions jeté un œil hier et nous avons bien compris que ce n'est plus de notre âge. Arrivée au lac, on voit de l'autre côté une grosse montagne avec des neiges éternelles, c'est celle là, wow! Après le lunch on déclare forfait et après la sieste on ressort pour le coucher du soleil sur le lac, joli. En soirée, on tente de finaliser le voyage, la Hollande va et vient, surgissent les pyramides d'Égypte, l'Acropole et le Parthénon. Et les chinois nous envahissent depuis la grande muraille, Prague s'est évanoui dans le froid, devant notre effroi. Tabula rasa, tout est à recommencer demain.

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Une immense pierre de patio au Nikau Café.

4 mars, Rotorua, Kewarau

On quitte l'immense demeure à 9 heures et on sera à temps pour le départ de 10 h 30 de notre expédition spéléologique du Nikau Cafe. Une fois la décharge complétée, équipé de notre casque et de notre lampe de poche nous nous rendons à l'entrée de la grotte dans l'antre de la bête. Un long tunnel souterrain pléonasmerais-je. Nous devrons marcher accroupi pour de longues portions, nous devrons même ramper dans l'eau sur plus de 15 m, la hauteur totale à cet endroit n'excédant pas les 40 cm. Claustrophobes s'abstenir. Des cavernes plus conséquentes nous permettent de nous relever, de nous étirer et d'observer les stalagtiques de calcaire ainsi que des vers luisants. Bon, peut-être pas aussi spectaculaire qu'un show de Pink Floyd au niveau de l'éclairage mais néanmoins un phénomène intéressant. Ce « bootcamp » où l'on doit marcher et ramper dans l'eau à 10 °C pendant une heure n'aura pas plus autant à tous, quoique tous auront bien travaillé leur cardio. Après ces émotions nous calmons notre faim grâce à une excellente cuisine du terroir. Le mobilier de l'endroit est démesuré, rustique à souhait, les tables sont faites de pièces de bois immenses, une table extérieur ferait d'ailleurs passer la table de pierre de mon jardin pour une vulgaire table à cartes!  Puis nous devons rejoindre notre prochaine destination, Rotorua, nous irons voir un geyser. Étonnamment, nous retrouvons notre chemin même si le GPS fait défaut. On s'arrête faire quelques photos au jardin botanique d'Hamilton où mon Kodak était tombé en panne hier. Beaucoup, beaucoup de belle campagne et de beaux paysages et aussi un superbe faucon qui se délectait des restes d'un opossum écrabouillé. Notre hébergement est plus modeste, encore un garage, mais celui-ci ressemble à un garage! Ça ira, d’autant qu'on y revient dans trois jours avant de remonter sur Auckland. 

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Le jardin botanique de Hamilton, superbe!

3 mars, Raglan

Jan à aménagé un petit studio des plus coquet dans son garage, il y a tout ce dont nous avions besoin, avant tout, un bon lit, puis la douche et le petit déjeuner. Après ce dernier on fait le tour de la propriété, une belle maison dans une belle campagne, jardin et petite piscine à proximité d’Auckland, une première étape réussi. Direction Hamilton pour le jardin botanique. Ho là là, nous revoici dans les ligues majeures; admirablement conçu le jardin offre une panoplie d’ambiances dans un espace restreint, les thématiques se côtoient sans interférer les unes sur les autres. Ajoutez une qualité d'exécution exceptionnelle et un entretien impeccable, Anne et moi avons été plus que impressionnés, nous avons été carrément ému. Malheureusement, mon Kodac m'a lâché, je n'avais pas rechargé la pile depuis que je l'avais acheté la semaine dernière, qu'à cela ne tienne nous y retournerons demain pour le jardin des Tudor et autres chinoiseries. Nous nous dirigeons ensuite vers une très jolie cascade, Bridal Veil Valls, à mi-chemin entre Hamilton et Raglan. Une petite promenade dans une forêt de fougères arborescentes nous mène à cette chute de plus de 55 m. Puis on reprend la route dans cette belle campagne néozélandaise. On s'arrête à Manu Bay observer les surfeurs, pas de gros rouleaux, la vague n'est pas grosse aujourd’hui, mais elle est bien définie, on la voit rouler de la gauche vers la droite un bon moment. Le soleil se pointe à l'horizon, un autre panorama spectaculaire pour les jeb au bord de la mer! On finit la journée à Raglan avec des rouleaux de printemps et du pat thai. En soupant, Anne qui joue avec son téléphone se trompe de piton et on se retrouve entrain de « Skyper » avec Lou. Elle vient de faire un concert et elle pratique encore à 23 h 00. « All work and no play makes Jack a dull boy ». Puis on se rend à notre hôtel, une grande maison perdue en pleine campagne, yeah.

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Créé par Anne et Guillaume